1-. Qu’est-ce qu’un expert ?

Quand on emploie un terme, il est important de préalablement se mettre d’accord sur sa signification, je vous propose donc de faire un tour de diverses définitions/explications et de l’étymologie du mot :

  • Définitions

Linternaute nous donne comme définition :  » Personne spécialisée dans un domaine et chargée de juger, d’apprécier. »

Wikipédia nous dit sur sa page sur le terme expert que : « L’expert n’est pas simplement celui qui sait, sur un champ délimité de savoir. Son expérience reconnue lui permet d’apporter une réponse argumentée à une demande d’expertise. Il faut le différencier du savant et aussi du spécialiste. »

La page dédiée au terme spécialiste nous renvoie la définition suivante : « Un spécialiste est une personne qui a des connaissances théoriques ou pratiques poussées dans une ou plusieurs disciplines précises. »

  • Etymologie

Selon le CNRTL, l’étymologie latine du mot est : « expertus « éprouvé, qui a fait ses preuves », part. passé de experiri « éprouver, faire l’essai, tenter de réaliser »« 

Il ressort donc qu’un expert est quelqu’un qui, grâce à son expérience, a acquis des connaissances spécifiques lui permettant de juger ou d’apprécier.
Dans le langage courant, la notion d’expert est parfois étendue à la notion de spécialiste puisque les experts tels que l’on peut les rencontrer ont (ou devraient avoir) des connaissances théoriques et pratiques sur la thématique qui nous occupe, les médias sociaux.

2-. Cas des médias sociaux, l’outil se confond avec le domaine d’expertise

Les social media experts ont ceci de particulier que leur activité sur la toile nous permet, au moins partiellement, de voir s’ils parviennent à appliquer leur (prétendue ou réelle) expertise à leur propre situation. Il est, en effet, logique que les experts en médias sociaux utilisent les médias sociaux comme vitrine.

Leur attitude vaut bien plus que n’importe quel discours. Grâce à cette attitude, nous pouvons essayer de dégager le bon grain de l’ivraie. Voici donc un classement en catégories des différents profils d’experts.

3-. Les types d’experts en médias sociaux

  • l’expert laggard
Vous connaissez probablement la Bell Curve qui représente le cycle d’adoption des innovations. Voici une représentation de la courbe :
bell curve cycle d'adoption

L’expérience étant un élément central de la définition de l’expert. Si vous rencontrez un expert prétendu qui a créé un profil sur, par exemple, Twitter en 2011 ou 2012, il appartient donc à la Late Majority. Il parait difficilement crédible qu’il soit une référence dans son domaine puisqu’une action aussi simple que l’inscription a été  faite tardivement. Il est aussi douteux qu’il ait pu acquérir une quelconque expérience. Ce constat vaut bien sur pour tous les médias sociaux Mainstream !

Il arrive régulièrement de rencontrer ce type de profils pour des experts ou même des agences qui indiquent dans leur bio des termes tels que passionné  (depuis 2 semaines) des médias sociaux  ou expert en médias sociaux.

Ce genre de profil est tellement caricatural qu’il est très facile de les identifier.

  • le chipoteur

L’habit ne fait pas le moine… il en va de même pour la présence sur Internet de ces experts.  Le chipoteur a plus d’expertise que le laggard mais il utilise des moyens « techniques » pour habiller sa présence sur les médias sociaux afin de faire croire qu’il émarge à la catégorie des experts reconnus.
A priori, cela pourrait être un avantage de connaître et savoir utiliser ces moyens moins orthodoxes car il pourrait les mettre au service de ses clients. Mais c’est une démarche risquée :

  1. Le danger de faire appel à un tel expert est que vous courrez le risque que cet « expert » puisse vous enfumer grâce aux astuces qu’il connait. En général, ces pratiques permettent de récolter des followers et d’améliorer certaines statistiques du compte. Mais au niveau de l’engagement  avec ces followers, le résultat est assez incertain.
  2. Quelle est la frontière entre les divers moyens utilisés ? Le risque de franchir une ligne rouge est plus grand.

Comment fait-il pour se donner de la crédibilité ? Il utilise des pratiques ayant pour but exclusif de faire augmenter le nombre de ses followers sur twitter :

  1. Il pratique le Massive follow/unfollow (Il va le gérer manuellement ou via un outil tel que Tweetadder).
  2. Il va carrément procéder à l’achat de followers ou de fans.
Il peut arriver que Tweetadder ait fait l’objet d’un test ponctuel ou soit utilisé pour une raison particulière. Son usage ne fait pas automatiquement de l’expert un chipoteur mais cela doit attirer votre attention. Si la personne poste du contenu  de qualité, les followers arrivent naturellement. Il n’est nul besoin de faire appel à ces artifices (Ex : Avoir plus de followers).

Il est possible que le chipoteur ait des compétences et une expertise réelles. Dans ce cas, il est dommage qu’il se discrédite à essayer d’améliorer l’image qu’il donne en utilisant des pratiques discutables.

  • celui qui veut vous plumer

Ils vont utiliser en partie les mêmes outils que le chipoteur mais leur but n’est pas de vendre de la consultance ou du conseil mais plutôt des formations ou des ebooks. J’en parle au pluriel car le fait de se regrouper les renforcent et leur permet de se faire valoir les uns les autres. Ils vont étendre leur réseau en ayant un recours massif à l’affiliation pour vendre leur camelote. Ils font miroiter que grâce à leurs formations ou ebooks vous allez devenir riche en travaillant de chez vous 3 heures par semaine.

Pour débusquer les douteux, il suffit de ne pas croire au Père Noël.

  • l’expert connu et reconnu

A contrario du laggard, l’expert  reconnu peut se prévaloir d’une présence  de plusieurs années sur les médias sociaux mainstream. Il fait partie des early adopters voire des innovators quand une nouvelle plateforme apparait.
En sus de sa présence sur ces plateformes, l’expert reconnu est quelqu’un qui produit ou a produit régulièrement du contenu. Deux des outils de publication de contenu préférés des experts sont les Blogs et Slideshare.
Leur production sont attendues et lues par bon nombre de professionnels du secteur. Dès qu’ils publient une présentation ou une billet, cela fait l’objet de nombreux partages et donc de nombreuses vues.

  • Le top expert

Quand on parle des médias sociaux et plus généralement du web dans le monde francophone, seuls quelques noms reviennent parmi eux, vous retrouverez presque toujours Loic Lemeur. Personne ne peut raisonnablement douter qu’il réponde à la définition d’expert telle que citée en début de billet. Il n’est pas utile de vérifier l’expertise de telles personnalités dans le domaine.

4-. Comment reconnaître un expert douteux

Avant de vous donner les pistes pour essayer de reconnaître un expert qui ne l’est peut être pas, je vous invite à lire ce billet qui reprend 10 questions à poser.

  • Les chiffres des comptes sur Twitter, LinkedIn et Slideshare

Vous avez directement à disposition les informations chiffrées directement accessibles :

  1. Le nombre de followers sur Twitter + le ratio followings/followers
  2. Le nombre de relations sur LinkedIn
  3. Le nombre de vues sur les documents slideshare
Si ces critères ne sont pas gages d’expertise à eux seuls, il semble indispensable que les compteurs atteignent un seuil minimal afin d’être crédible.
  • Liste d’outils

1. Twtrland

Ce service va vous donner (entre autre) les informations suivantes :

  1. La date d’inscription sur Twitter
  2. Le nombre de RT’s par 100 tweets
  3. Les tweets les plus fameux
  4. La répartition de l’activité sur Twitter entre les liens postés, les replies, les RT,…

2. Twitter Counter

Cet outil va permettre de suivre l’évolution du nombre de followers d’un compte … mais aussi  le nombre de followings. Cela va vous aider à débusquer aisément ceux qui pratiquent l’achat de followers. Si vous voyez une hausse brutale du nombre de followers sans que ce soit lié à un fait d’actualité précis. Il est probable que la cause soit un achat. C’est comme cela que le candidat républicain Mitt Romney s’est fait repérer.

Cela va aussi nous amener à identifier ceux qui pratique de façon peu discrète le massive following. Sachez que cette pratique est, je trouve, assez répandue.

Pour comprendre l’intérêt de suivre l’évolution du nombre de followings. Il faut étudier le petit jeu auquel s’adonne ces « experts ». Ils viennent suivre votre compte, uniquement dans le but que vous les suiviez en retour (avouez que pour quelqu’un qui est passionné de SOCIAL média, c’est là une attitude peu sociale 😉 ). Malheureusement pour eux, tout le monde ne les followe back pas !

Pour garder un ratio Followers/Followings avantageux (plus de followers que de followings) et pour continuer leur petit jeu (twitter limite le nombre de comptes que l’on peu suivre à 2.000 ou à 110% du nombre des followers), ils unfollowent tout aussi massivement que ce qu’ils ont followé.

L’outil vous permet aussi de comparer l’évolution des followings et followers sur le même graphique. En version gratuite, vous avez accès aux données des 3 derniers mois. Si les followings augmentent régulièrement sur une période à un rythme plus élevé que les followers, il est probable que le compte pratique le massive following durant ce laps de temps.

Notez que certains se servent de l’outil avec plus de discrétion, il devient alors nettement plus difficile de les identifier.

Deux autres outils peuvent être utiles pour Twitter. Ils analysent la qualité des followers (Fakers Statuspeople, Twitteraudit). Cela peut donner une information complémentaire en cas de doute. Ces services vont donner la répartition en pourcentage des followers en les classant en trois catégories.

Ces deux services vont vous permettre de débusquer ceux sur qui vous avez des doutes quant à l’achat de followers où la proportion de comptes Fakes ou inactifs sera grande comme c’est le cas pour Romney !

3. Alexa

Alexa vous permet, entre autre, d’obtenir comme informations :
Le traffic rank et le nombre de « Sites Linking In ».

Si votre expert a un blog.. et qu’il draine peu de traffic dessus … cela peut signifier qu’il markete mal son blog (alors que pour ce genre de blog la source N°1 de traffic devrait être les médias sociaux) et/ou qu’il rédige du contenu qui n’intéresse que peu de monde.
Je vous invite toutefois à prendre un peu de recul par rapport à ce critère. L’expert peut rédiger ailleurs, sur des sites reconnus. votre expert a pu avoir un blog mais il est dans l’ordre des choses qu’à partir d’une certaine notoriété, le temps manque pour la rédaction d’articles.

Dans les deux cas, ce n’est pas vraiment rassurant quant à l’expertise de l’expert.

4. Ebuzzing

Ebuzzing réalise, chaque mois, un classement des « meilleurs » blogs selon une thématique. Les blogs parlant du social media appartiennent, en général, à la catégorie marketing. C’est un classement au mois le mois, il convient donc d’être prudent vu la période prise en compte. Ce n’est donc pas un critère excluant car un blog peu avoir périodiquement son activité réduite.  Etre dans le top 20 ebuzzing voire un peu plus loin montre un intérêt certain pour la production de l’expert.
Attention toutefois qu’un contenu populaire n’est pas toujours un contenu de qualité. Un blog qui partage des infographies ou des études présente un contenu demandant moins de capacités cognitives qu’une analyse de cas.

Bien évidemment, vous pouvez aussi la réputation online de votre expert en le Googlant. C’est d’ailleurs probablement la première chose à faire. Cela vous permettra de vérifier si trois mois plus tôt cet expert n’était pas vendeur de tapis 😀

5-. Un cas pratique

Laurent Bourrelly, expert très connu en SEO nous a livré un exemple d’analyse quant à l’expertise d’une personne/agence active dans le même domaine que lui.

Il a utilisé divers outils dont l’un ou l’autre présenté ci-dessus en plus de Google. Vous conviendrez que le regard vis à vis de la personne mise en cause change après un tel article sur un expert SEO.

6-. Conclusion

Savoir reconnaître un expert peut être important quand vous êtes à la recherche d’une agence ou d’un accompagnement ou simple d’une source d’information.

Comme dans tous les métiers, il faut de tout pour faire un monde, il n’est pas facile de trouver à qui s’adresser. En scrutant la présence online de certains experts ou comptes d’agences, vous pourrez réaliser un premier tri.

Faites aussi confiance dans votre perception et dans l’analyse de l’attitude plus difficilement quantifiable.

Ces outils présentent des chiffres utiles. Ces chiffres doivent évidemment passer par votre analyse personnelle. Il convient aussi d’être observateur afin de détecter des éléments qui ne ressortent pas forcément dans un outil quantitatif.