Toujours pas d’achat d’ebooks pour moi, je me refuse à donner le prix (excessif) demandé. Je vous propose un petit voyage pour décrypter si mon comportement est rationnel …. ou pas 😉

1-. Un peu d’éco

Pour la plupart des biens, le prix de vente devrait tendre vers le coût marginal (le coût marginal est le coût pour produire une unité supplémentaire). Le coût marginal de production d’un ebook étant quasi ZERO, le prix devrait alors être presque nul.

Malheureusement, ce n’est pas aussi simple que cela. Et heureusement aussi d’ailleurs parce les éditeurs d’ebooks seraient assurés d’être en perte si le prix de vente était nul.

En fait les ebooks présentent deux caractéristiques spécifiques :

C’est un bien d’expérience : un bien est dit d’expérience si il doit avoir été consommé pour déterminer la valeur apportée au consommateur. Quand un nouvel e-book est édité, les premiers acheteurs partiront dans l’inconnu et se baseront sur des critères tels que le titre ou la réputation de l’auteur pour passer à l’acte d’achat. Dans un second temps, grâce à l’avis de pairs sur l’e-book, ils auront plus d’éléments pour estimer la valeur que l’e-book peut leur apporter.

C’est un bien non-rival : un bien est non rival si sa consommation par un individu n’a pas pour effet de diminuer la quantité disponible de ce bien par d’autres individus. Il est bien évident que la rareté n’existe pas quant au nombre d’exemplaire d’un même ebook. C’est donc typiquement un bien non-rival comme le sont d’ailleurs les logiciels, les fichiers musicaux et cinématographiques.

2-. Les avantages

Quels sont les avantages de l’e-book par rapport à la version papier. RWW s’est fendu de deux billets à ce propos la semaine dernière, je vous propose donc de reprendre leur liste et de la compléter. Si vous avez d’autres idées, n’hésitez pas à les partager en commentaires 😉

  • Le surlignage. La possibilité de surligner (mais aussi de mettre des signets) est une facilité importante qu’ont les ebooks sur les livres. Selon RWW, il est possible d’y voir une fonction sociale Amazon a mis en ligne les passages les plus surlignés sur Kindle. (cela peut être utile pour des étudiants qui devraient lire un livre)
  • Prise de notes : Plutôt que d’écrire dans la marge du livre, vous pouvez prendre des notes plus lisibles séparément.
  • Un dictionnaire : vous ne comprenez pas la signification d’un mot… le reader vous permet de l’afficher. Peut être sympa pour des lectures en langue étrangère.
  • La possibilité de Tweeter ou partager sur Facebook des extraits. (bof bof, je ne trouve pas cela des plus utiles)
  • Recherche de mots : trouver une page sur base d’une recherche par mots clés est particulièrement utile, j’y ai souvent recours ne fut-ce qu’avec les pages internet, pdf ou word.

A cette liste, je rajouterais :

  • L’encombrement : a l’heure où le prix du M² parisien est à 7.500€, la surface occupée par une bibliothèque vous permettrais d’acheter 4 ipad 🙂
  • La transportabilité : partir en vacances avec sa bibliothèque de livres ce n’est pas possible.. avec votre bibliothèque d’e-books cela l’est
  • La sauvegarde : vous perdez un livre, c’est fini vous ne l’avez plus. Si vous perdez votre reader et pour autant que les DRM ou la plateforme d’achat vous aient permis de le faire, vous pouvez récupérer votre e-book.
  • L’écologie : moins de papier, c’est sympa 😉

3-. Les désavantages

  • La sensation : le papier a un contact plus chaud que votre reader. Un livre papier est aussi un objet plus personnel auquel le consommateur est plus attaché.
  • La couverture (Le conditionnement)
  • Le prêt : vous pouvez prêter un livre à un ami.. un e-book ne vous offre pas cette possibilité.
  • La conservation : selon les DRM utilisés, il n’est pas certain qui vous trouviez un lecteur vous permettant, dans une dizaine d’années, de lire un ebook que vous auriez acheté aujourd’hui.
  • La revente en seconde main. Impossible avec les ebooks et comme nous le verrons ci-dessous, cela montre que vous n’en êtes pas propriétaire.
  • La practicité : Amazon a réalisé un test pour son Kindle dans le cadre d’un usage sur campus. Résultat des courses : 80 % de l’échantillon des étudiants qui l’on essayé dans le cadre de leur MBA ont déclaré qu’ils ne le recommanderaient pas. source

Je rajouterais :

  • Le reader (ben oui pour lire un e-book, il faut en acheter un, à moins de lire sur son ordi mais c’est peu confortable)
  • La transportabilité : si c’est facile de transporter une bibliothèque d’e-books, il n’est pas possible de l’emmener partout. Je n’imagine pas aller à la plage ou au bord d’une piscine avec un kindle ou un Ipad. De même pour les adeptes de la lecture dans leur bain, pas évident !!
  • Le cadeau : un livre reste un cadeau prisé. Le fait d’avoir quelque chose de dématérialisé n’a pas le même impact (enfin c’est mon avis;) )

4-. Un peu de droit

La propriété

Quand j’achète quelque chose, j’estime en être le propriétaire. Que nous dit Wikipédia sur la signification du terme propriété dans son sens juridique ?

« La propriété est un droit qui s’exerce sur un bien meuble ou immeuble, corporel ou incorporel. Elle se divise traditionnellement en trois droits réels :

  • le fructus : le droit de recueillir les fruits du bien,
  • l’usus : le droit de l’utiliser,
  • l’abusus : le droit d’en disposer c’est-à-dire de le détruire en tout ou partie, de le modifier, ou de le céder à un autre.

Ces trois droits peuvent être séparés, démembrant la propriété. Il peut en résulter un usufruit, un usage, une emphytéose ou une servitude. »

La question qui me vient à l’esprit : quand j’achète un ebook en suis-je le propriétaire ?

La réponse mérite d’être nuancée selon les DRM (digital right management) présents pour le protéger. Si vous prenez, les ebooks en vente sur le leader incontesté Amazon il apparaît que vous n’en êtes pas pleinement propriétaire puisque vous ne savez pas revendre votre ebook.

Si vous regardez les prix pratiqués par Amazon pour certains livres vis-à-vis de la version en ebook, la différence se chiffre parfois à peine à 2-3 %.

Il est absolument anormal de renoncer à une partie de ses droits de propriété pour un montant aussi faible !!!

5-. Les coûts

La structure des coûts pour produire un e-book est particulière. Les coûts variables sont presque nuls tandis que le coûts de production du premier exemplaire assimilable à un coût fixe est relativement élevé.

Ceci est vrai dans le cas du simple fichier exactement similaire à l’exemplaire papier (si toutefois l’ouvrage existe dans les deux versions). Il me semble que c’est, la plupart du temps, ce à quoi nous assistons pour le moment alors que l’on pourrait développer des compléments adaptés au support numérique.

On s’éloigne du livre quelques instants pour revenir sur une expérience de la presse écrite. J’ai payé pour un exemplaire en PDF d’un quotidien, un prix semblable à la version papier. J’ai trouvé cela très frustrant de payer un prix que je trouve injustifié vu le coût de production.

Une voie possible pour justifié d’un tel prix serait d’inclure des suppléments adaptés à la version numérique.

6-. Le prix

La question à laquelle il faut répondre est comment couvrir les coûts fixes inhérents à la production du premier exemplaire.

Un système que je trouverais sympa est une courbe de prix évoluant dans le temps et qui commencerais à zéro (c’est à dire gratuit) pour se terminer proche de  zéro… mais attention entre ces deux extrêmes, il conviendrait de faire payer le consommateur.

Pourquoi commencer à zéro ? Le caractère expérientiel du bien fait qu’à sa sortie un nouvel ebook ne peut être évalué avant son achat. Il peut donc être pertinent de le faire découvrir par des prescripteurs qui pourraient émettre un avis et indiquer l’intérêt du livre pour que les consommateurs puissent alors l’acheter avec une meilleure estimation de la valeur qu’ils peuvent lui donner.

Dans un deuxième temps, il faudrait lui attribuer un prix de départ qui serait dégressif selon deux facteurs : le temps et le nombre d’exemplaires vendus. La pertinence des livres diminue avec le temps du fait des nouveautés qui peuvent le rendre obsolète ou d’autres facteurs. Il est donc logique que le prix à payer décroisse.

Plus il y a d’exemplaires  vendus, plus les frais fixes seront couverts et le break even point atteint. Cela permet aussi de réduire le prix jusqu’à atteindre un montant symbolique qui serait proche du coût marginal (donc zéro).

PS : Bien évidemment, ce n’est pas sur un billet qu’il convient d’analyser la pertinence de cette idée.

Beaucoup de facteurs sont à prendre en compte (la modification du circuit de distribution, le danger de cannibalisation du livre papier si les ebooks sont trop peu chers)